NOTE D' INTENTION
La réécriture d'un conte des
frères Grimm
Lorsqu'il
m'a été demandé de réécrire un conte, j'ai très vite opté pour
celui de Hansel et
Grethel. La noirceur de certains thèmes, encore
d'actualité, m'attirait et me permettait pleinement de développer
un humour macabre et un peu malsain. Mon but n'était bien sûr ni de
choquer ni d'offusquer, mais plutôt de surprendre et de divertir,
comme une sorte de catharsis, en ramenant les spectateurs à la
cruauté à laquelle la société peut parfois nous amener, la
finalité n'étant pas de critiquer le système dans lequel nous
vivons mais d'y faire référence, des clins d’œil. Transposer le
conte à notre époque n'était pour moi pas suffisant et je voulais
animer des animaux humains ( à la Robin des bois de Walt
Disney ). C'est à partir de ce désir que je suis arrivé à des
hommes-cochons et que j'ai transformé la sorcière voulant les
manger en un boucher en quête de viande fraîche. Une boucherie dans
une forêt n'avait aucune raison d'être. J'ai donc déplacé
l'intrigue dans une grande ville, labyrinthe hostile dans lequel les
parents perdraient leurs enfants avec la crise comme motif de
l'abandon des enfants, mais aussi de leur capture par le boucher. Le
design des deux personnages principaux à l'allure de consanguins m'a
donné l'idée d'en faire le fruit de l'union d'un homme et d'une
truie et j'en suis arrivé ainsi à l'idée du cirque de cochons
domptés. Jusqu'où peut nous amener notre estomac ? D'après
Grasthel, à des actes que notre société réprouve, et c'est là un
des points-clé de ma réécriture. Car non content de transposer le
conte original dans un nouvel univers, une nouvelle tonalité, je
voulais ajouter quelque chose à l'histoire même, une fin moins
« conte de fée » justement. Tel « L'arroseur
arrosé », le vil boucher finit dévoré par le cochon ;
cette chute m'a directement été inspirée du conte des frères
Grimm, quitte à mettre la sorcière dans le four, autant la manger
quand elle est prête. A partir du moment où Grasthel a mangé un
homme pourquoi ne pas manger son frère. Après avoir dépassé pas
mal de barrières imposées par la bienséance, je ne voyais pas
l’intérêt de me priver d'ajouter en plus un petit complexe
d’œdipe remanié en ces mots là : « Tu mangeras ta
mère et tu épouseras ton père ». La chute avec la grippe
porcine m'a été inspiré au dernier moment pendant l'écriture, je
trouvais que, après la suite de rebondissements des péripéties la
fin manquait de surprise et de panache, j'en suis ainsi arrivé à
cette référence à l'actualité.
Mise en
Scène
L'enjeu
principal était de ne pas ennuyer le spectateur avec un
court-métrage dont la durée était estimée à une vingtaine de
minutes ( les longueurs inintéressantes sont le principal problème
des adaptations de conte ) car je ne voulais pas faire un conte dont
seule l'intrigue, narrée en 3 minutes, compte ; je voulais
prendre le temps de développer les personnages, même secondaires.
De ce fait, pour combler un rythme un peu lent, qui prend le temps de
raconter, d'un métrage très peu dialogué, j'ai voulu ponctuer le
récit de nombreux épisodes comiques ( comme la demande en mariage
du père à sa fille qui se fait par une danse de séduction ), ainsi
que de morceaux de musique « cultes » s'étendant du
Requiem de Mozart en introduction, à Barry White et Buddy Holly. Les
deux enfants devaient avoir assez de temps pour être attachants et
purs, afin de mieux susciter l'effet de surprise lorsque la sœur
mange le frère. La thématique du conte est mise en avant avec une
voix off d'introduction lisant l'introduction et la conclusion du
conte réécrit.
Ambiance
et décors
Chacun
des trois lieux devait avoir son propre code couleur, et son propre
graphisme, qui permettait rapidement au spectateur d'identifier la
nature de l'espace. Le cirque, cocon familial qui devait témoigner
de la cruauté des parents, arbore un ton de couleurs froides, dues à
un orage grondant ou menaçant symbolisant la froideur des parents.
La ville, elle, devait rappeler l'idée de labyrinthe hostile avec
une quasi-absence de couleurs les plus sombres possible, sur des
immeubles et des personnes tous identiques. Un passage représente
même la ville, vue par les enfants pendant leur errance, par un
monde noir et blanc bousculé par les allés de personnes très
grandes, avec des bruits brouillés et agressifs. Au contraire, de la
façade et la première salle la boucherie-charcuterie sera vu comme
un lieu accueillant ( rappelant qu'il ne faut pas se fier aux
apparences ), et les salles arrières seront lugubres et sales à
l'image de l'esprit du propriétaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire